« La politique est l'art d'empêcher les opposants de faire la leur », explique Roberto Gervaso, célèbre journaliste et écrivain italien. Ce n'est pas exactement ce que le président François Mitterrand avait en tête quand, en 1981 - dans une période historique très délicate et particulière, où la gauche est arrivée au pouvoir en Italie et en France, avec un fort désir de renouvellement et de changement - établit le premier sommet bilatéral entre les deux pays. Un sommet qui les voit impliqués, pour la première fois, dans une tentative et une volonté de collaborer, de coopérer et de coordonner au nom d'objectifs et de valeurs partagés, en vue d'une forte participation européenne.
Après trente-six, vingt-six gouvernements et six présidents de la République italienne, le président français Emmanuel Macron, et le premier ministre Paolo Gentiloni, à l'occasion du sommet bilatéral à Lyon, qui s’est passé le 27 Septembre 2017, ils dictent une nouvelle poussée aux relations entre la France et l'Italie, où les deux exposants se sont engagés à augmenter et à renforcer l'organisation des deux pays sur des positions européennes et internationales. Un programme complet que prévu de cette réunion, qui est le renforcement de la coopération européenne dans le domaine de la fiscalité et la confirmation de l'importance stratégique de la section transfrontalière de la ligne ferroviaire Turin-Lyon, à l'engagement profond pour la protection du patrimoine culturel est en danger.
Dans cette perspective, preque un mois après la rencontre entre les deux dirigeants, à Chamonix - une charmante ville près de dix mille âmes, située dans le département de la Haute-Savoie -, 24 octobre 2017 quelque chose commence à prendre forme - mais avant -, il faut nécessairement une brève introduction.
Des Dolomites les plus proches aux Pyrénées aux plus éloignées, plusieurs massifs et sommets sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Parmi ceux-ci, le Mont Blanc n'est pas encore représenté, même si avec ses 4 810 mètres, constitue la destination la plus haute de l’Europe occidentale. Sur ses routes majestueuses de glace a également sculpté, de manière indélébile, l'histoire de l'alpinisme, récemment nommé par les maires de Courmayeur et de Chamonix au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.
Ce dernier coup a été bien joué, et combinée au récent sommet bilatéral entre l'Italie et la France, représentes en quelque sorte l’ouverture de la « Conférence Transfrontalière Espace Mont-Blanc » qui a eu lieu à Chamonix, et composée de représentants des autorités régionales et locales : les deux Savoie (qui détiennent 65% du massif), le Valais (10%) et la Vallée d'Aoste (25%), avec les délégués des Ministères de l'Environnement de France, de Suisse et d'Italie.
Au cours de la réunion en fait, une déclaration commune d'intention a été signé, afin de placer dans un processus de mise en candidature, le massif du Mont Blanc comme patrimoine mondial de l'UNESCO, en vue d'un classement envisagé pour 2022. L'inscription du massif du Mont-Blanc dans la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO renforcerait la singularité et la cohésion du processus de coopération que les territoires frontaliers ont consolidé au fil des ans, pour protéger et assurer le développement de l'environnement alpin. En effet, depuis le début des années 90, les autorités locales de la Vallée d'Aoste, de la Savoie et du Canton du Valais sont impliquées dans la mise en œuvre de politiques communes de développement durable sur le territoire transfrontalier. Ces derniers temps, l'Espace Mont-Blanc - créé en 1991 dans le but d'assurer la protection et la mise en valeur du territoire du Mont Blanc - a également mis en œuvre plusieurs projets transfrontaliers dans le cadre des risques naturels, de la sécurité en montagne, du tourisme, de l’innovation, du transport et de l’adaptation au changement climatique.
En ce qui concerne la proposition approuvée - telle que rapportée dans le communiqué de presse du Conseil régional de la Vallée d'Aoste -, elle « permettra d'entreprendre les travaux préparatoires liés à la présentation, coordonnée par les trois États, d'un dossier d'entrée poursuivant trois objectifs principaux : approuver un système de gouvernance qui implique principalement les autorités locales et régionales dans le processus de préparation des dossiers; renforcer les trois piliers du développement durable (environnement, société, économie) dans les orientations stratégiques du dossier; identifier les ressources humaines et financières pour le travail préparatoire ».
Dans cette perspective, "cette candidature" - a déclaré Jean Pierre Guichardaz, Conseiller pour l'environnement de la Vallée d'Aoste - ", qui est aussi le résultat de décennies de coopération non seulement politique mais aussi technique et opérationnelle entre nos territoires, vient tout just d'être formalisée lors d'un processus qui semble long, mais que en réalité comportera un engagement commun extrêmement serré, avec la définition de l'étape politique technique qui est très proche, du moment que 2022, la date de l'adhésion envisagée du Mont Blanc sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO, est beaucoup plus proche qu'on ne le perçoit. Je crois que le chemin doit voir pleinement impliqués, et je dirais surtout convaincu, les territoires, les autorités locales, car c'est la seule façon pour qu'une opportunité extraordinaire comme celle-ci puisse être vécue comme un atout. Une marque, celle du "patrimoine mondial", qui renforcerait les opportunités de dialogue et de collaboration entre nos territoires »- a poursuivi Guichardaz -« dans la perspective d'une synergie plus étroite dans le domaine de la protection de notre patrimoine environnemental, mais aussi le développement du tourisme, de l'industrie et des entreprises locales, qui doivent être encore plus «durables», de plus en plus «verts» et de «niches», pour ne pas être annulés par un marché de plus en plus global, et donc plus difficile à attaquer et à " faire émerger". Le fait que de nombreux influents « supporteurs » demandent instamment nos pays à persévérer dans le processus d'application du Mont-Blanc comme "Patrimoine mondial"», - a conclu Guichardaz - « ne peut que renforcer notre conviction que nous sommes sur la bonne voie ».
De même, aussi l'étroite collaboratrice Catherine Berthet, en charge des politiques transfrontalières à Chamonix, rappelle que «pour être inscrits sur la liste du patrimoine mondial, les sites doivent démontrer leur valeur universelle exceptionnelle. Après la présentation officielle de la demande, la classification de l'UNESCO exige «entre cinq et dix ans» ».
Dans ce cadre, le WWF - la plus grande organisation pour la conservation de la nature du monde - qui suit depuis plusieurs mois le dossier il èspere - selon le directeur général de la branche française, Pascal Canfin, et gestionnaire de programme « Alpes », Jean -Christophe Poupet -, dans une mobilisation des acteurs locaux. De plus selon Canfin - tel que rapporté dans les journaux régionaux français quotidiens Le Dauphiné Libéré - « Le Mont Blanc est, dans le monde, le seul point d'intérêt d'un continent, qui ne bénéficient pas encore de la protection accordée. C'est une situation que nous considérons problématique pour sa gestion environnementale et nous voulons mettre un terme à ce paradoxe. Aujourd'hui, il n'y a rien qui permet à tous les acteurs qui sont engagés sur cet écosystème unique, et en même temps fragile, de se tenir autour d'une table pour discuter, réduire l'impact, la pression, les gérer, coordonner l'équipement ... Nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre plus longtemps: le Mont Blanc est en danger, c'est le moment d'agir ».
Si, dans un proche avenir, le massif du Mont-Blanc fera officiellement partie du patrimoine mondial de l'UNESCO, les retombées locales et économiques sur les territoires frontaliers pourraient être multiples et, en général, potentiellement positives. Il ne faut pas oublier que l'Union européenne accorde une attention particulière aux régions qui présentent des handicaps naturels et démographiques graves et permanents, tels que les régions transfrontalières et de montagne, donc ces fonds structurels, avec un incroyable soutien du Mont Blanc dans le monde et à une stratégie appropriée de spécialisation régionale intelligente, pourrait être ce qui permet enfin de relancer le tourisme de montagne sous ses différentes formes. Un territoire ne peut en effet pas être compétitif dans tous les domaines, mais chaque territoire - pour diverses raisons - ne peut être que dans certains secteurs: c'est sur eux que nous devons viser.
Dans une région comme la Vallée d'Aoste, par exemple, il y a un problème de zones à faible potentiel. La moyenne montagne est souvent dédaigné par les visiteurs et les randonneurs, et dans une région qui vit principalement du tourisme, cela amène les différentes zones à ce rendre encore plus pauvres, face au risque de dépeuplement et de biais vers les grands centres. Dans un scénario comme celui rapporté, dûment associé à une politique de développement local et durable, stimuler la croissance de nouvelles activités et de nouveaux projets sur le territoire pourrait être la carte gagnante à jouer. Un programme seul ne peut pas être une offre touristique, il doit être mis en œuvre par d'autres éléments. Dans une logique où l'objectif est également de valoriser les zones de montagne, il est donc nécessaire d'impliquer tous les opérateurs locaux et la population, ainsi que les structures déjà existants sur le territoire et d'éduquer le système local à participer à des projets intégrés avec d'autres sujets.
Il est difficile de croire que le Mont Blanc ne fera pas partie du patrimoine de l'UNESCO. Par conséquence, envisager des politiques de développement local qui peuvent être associées et aller de pair avec la vague médiatique qui investira le massif dans un avenir proche, sera au moins la stratégie la plus appropriée pour promouvoir et améliorer les territoires de montagne de la frontière dans leur intégralité.
Article de Elisa Tinarelli -
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